Des traits pleins.
Noirs, courant sur la feuille, rapides.
Ils défilent en succession, file indienne de graphite, et s'entrecroisent. Ils tombent ou ils volent, c'est selon. Dans la brume, ils proposent. Dans ma tête, ils jugent. Et c'est seulement en exhortant ces fils planaires, ces entrelacs, ces rosaces à se tordre en visage que je comprends que je perds beaucoup trop de temps.
Les traits hachés, creusés comme des tranchées dans le film doux ont fondu ce soir en lignes claires, sybillines, qui se pourchassent doucement.
Et moi, immobile, une main sur la tête, je souris en écoutant le message qu'elles me chuchotent à l'oreille.
"Il est toujours en toi, tu sais"
Trois. nous sommes trois dans cette histoire. Le Schizo-Blog comptait naguère deux identités, soit ma plume évasive et celle de la haine, en italique.
Mais voilà, j'ai perdu le contrôle sur cette dernière. Elle m'a imposé son registre de langue, sa plante épineuse fleurissait dans mes phrases. Je l'ai même personnifiée.
Or voilà, ce soir j'ai trouvé l'enfant.
C'est le troisième personnage de la pièce de théâtre.
Je suis particulièrement bien, en ce moment. Je m'imagine en train de me réconforter, plus jeune, deux moi assis sur le divan, l'un berçant l'autre.
"Tsé, ça va aller, tu vas être heureux, plus tard."
Le petit lève sa tête vers moi. Ses yeux pétillent de bleu, ils n'ont pas ma quelconque lassitude.
D'un crayon de cire, il trace un vaisseau spatial.
Il dépose respectueusement sa feuille.
J'ai repris le crayon timidement. Et moi, sous le regard amusé et impressionné du petit François, j'ai dessiné un visage. Un superbe visage féminin, qui me regarde sans haine, le regard vif. Perspective aux trois quarts, laissant les cheveux sombres retomber en un voile léger. Ils volent ou ils tombent...enfin, c'est selon.
Nous restons tous les deux à regarder le portrait.
Bonne nuit
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