samedi 18 août 2007
Thrillride (deux)
Ce qu'il y a de bien avec l'argent, c'est qu'il constitue un étalon simple pour juger les gens.
12 août.
"Passe Flash Or?"
"Hell yeah."
Les portes du bonheur s'ouvrirent, luminescentes, où les serpentins volettent tantôt à gauche, tantôt à droite. Un exosquelette musical, suspendu dans les airs, chahutez, follicules électriques, parmi les couleurs!
Montagnes slaves. Esclaves. Nous vous rosserons.
Leur emprise sur notre imagination devient fugace, laissant place à ce flegme condescendant de la petite bourgeoisie.
Voici les faits: Nous sommes deux, nous voulons des sensations, nous nous refusons à attendre. De bonne grâce, le parc récréatif du Parc Jean-Drapeau nous offre la possibilité reluisante d'outrepasser les files d'attentes contre un certain montant d'argent.
Monocle en place, stovepipe bien vissé, nous crânâmes.
Sentiment d'abord euphorisant, ces files d'attentes dans lesquelles je tordais les dernières gouttes de mon âme devinrent une parodie risible de l'immobilisme, les gens naguère si beaux qui s'y compressaient dans une douce attente sociale se fondirent en un pain au raisin sec et infect, pauvre molécule humaine noueuse et spasmodique.
Un tour de Vampire.
Puis un autre.
Et un autre.
Je garde un sourire calme, mais l'hystérie du système à deux vitesses que propose Six Flags m'emporte. Fin de la phase contemplative.
Je socialise, mais seulement avec les autres riches, ceux dans ma situation, qui marchent sur les têtes et s'engouffrent dans les manèges en grimaçant. J'ai même un plaisir intense à lancer à la volée que j'ai entré dans le Goliath sans rester sur place une seconde.
Et on me répond par des rires contrôlés, derrière lesquels je perce cette hystérie fasciste, propre aux sensasionalo-richards.
L'article semble subversif, dénonçant notre condition quasi-hiérarchique, où tout regard oblique vers les prolétaires démunis est possible.
Mais non. Cette masse indifférentiable, ces esprits rivés pendant l'attente interminable pour quelques secondes d'hormones se mue tôt ou tard en un seul visage indifférent, ridé, dont la bouche n'est qu'une ligne pâle.
Et nous aussi. Nous avons notre propre escalier pour grimper au septième ciel, nous sommes tout aussi unis, humbles parfois, pressés souvent.
Je m'en suis sauvé, ma chère. J'ai réussi à adapter ma condition par l'abstraction plutôt que par l'intégration. Ce n'est pas une fuite, seulement une mise à niveau qui figea ma confiance par échelons succints.
Pas de giron, pas de radon.
Deux personnes.
Deux solitudes, babe.
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