mercredi 18 juillet 2007

Tranche de sable


Il y a un endroit sur la terre où les rêves se réalisent. Un royaume d'écharpes sombres, où les images vont et viennent, s'entremêlant au passage. Un styx heureux qui m'accueille dans les jupes de son delta. Je nage dans l'huile sucrée.

Le monde des yeux fermés.

J'aime fermer mes yeux.

Intérieurement, je sais qu'une fois la paupière close, l'oeil reste ouvert derrière, agglutiné aux veines, sclérotisé. Mais sans lumière, la turbidité est paisible, mate, murie d'ébène. Le rideau de chair est le commutateur de l'imaginaire. Pas d'arborescence cellulaire, mystère. Je...

Ta gueule, bordel! C'est un article haineux, que tu devais écrire! Cette période sensorielle a assez duré! Il est temps d'haïr! Pourquoi tant de conviction dans ces rétrospections insipides quand tu sais très bien que tu nourris le mal de tes inepties! Et ça goûte mauvais, c'est granuleux, roule sous la langue et irrite la trachée...on appelle ça broyer du noir!!!

Darkside italic is fucking back.

La haine, ça marche. Les gens qui détestent en silence, attisant leurs névroses, construisent de merveilleux palais de glace. Le mien s'appelle vengeance et a la forme d'un gâteau.

Ils paieront.

Bon dieu. J'ai envie de me battre. J'ai envie de briser un crâne sur un mur. Je ne peux plus me contenir, je n'arrive même plus à respirer convenablement. Périodiquement j'ai un sursaut de haine qui s'extirpe de ma chambre volcanique, et mes dents sont serrées à en fendre. J'ai le corps en angles aigus, et subitement elle fouette ma moelle et je me contorsionne. Il faut que ça sorte! Il faut que ça sorte!

Cette violence interne me hante depuis mon plus jeune âge. Enfant, j'en voulais aux meubles qui meurtrissaient mon petit orteil. Je leur criais des injures, et insatisfait, je les frappais. En entrant à la maternelle, j'ai commencé à mordre les autres.

Je mordrais quelqu'un. Maintenant. Arrachant au passage la peau moite, sur une épaule.

J'arracherais un nez avec mes dents. Oui...oui...je mordrais au niveau du croquant. Il sauterait comme un bouchon, le champagne jaillissant joyeusement. Hahahahaha.

J'ai envie de frapper un visage. Avec mon poing. Faire peur.

J'ai envie d'étrangler à mort. En riant.

Et je mangerais le corps au complet pour faire disparaître les preuves.

Bon sang.

Allons donc. Mets une sourdine.

Je lui décapsulerais la tête.

Du calme. Que fais-tu depuis 15 ans pour contourner la chose?

Je...je...je joue à des jeux vidéos.

Et plus récemment?

Je...je fais du vélo. Je veux aller vite. Toujours plus vite. C'est alors, et seulement alors...que j'ai la paix.

Faut pourtant que ça sorte. Ça empeste l'introversion, ton affaire. Pourtant, t'es pas trop gênant à sortir, non?

Bah.

Tu sais ce que tu devrais faire? T'inscrire à un cours de Tango.

...

...pas fou.

Hahahaha. Je t'ai mis en boîte.

Vas donc fermer ton rideau de chair pis te coucher.

Word.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le 8 août au matin, j’ai pris le temps de lire plusieurs textes en file, d’en relire certains aussi. C’est toujours avec un sentiment partagé que je lis tes textes, suivant le mouvement d’un balancier fou qui oscille entre la peur et le ravissement. Étrange opposition, n’est-ce pas? La peur de ce que je découvrirai comme individu derrière ces mots, plus cynique et plus tordu que le héros du Jeu de la mouche et du hasard. Le ravissement de découvrir une plume qui me chavire et me touche jusqu’aux tripes.

En fermant le blogue, le ravissement l’a remporté et j’ai pensé : « Pourvu qu’il continue d’écrire! » Non seulement pour permettre cette explosion de crocus et de feu de créativité, mais surtout, pour te permettre de garder l’équilibre, ne pas perdre pied. Et tu le retrouves terre, de temps en temps.

Tu dois te sentir bien différent, à années-lumière de certaines personnes qui, pourtant, te sont très proches. Parfois, as-tu l’impression d’une sorte d’erreur d’espace-temps, d’extra-terrestre? Et pourtant, tu es tout ce qu’il y a de plus humain, dans toute ses splendeurs, ses douleurs et ses déroutes…

Le système de figures que tu utilises passent souvent par la vitesse, l’auto, la musique, les sensations fortes, les situations extrêmes. Autant d’éléments qui permettent de fuir, de s’étourdir, de s’isoler. Est-il utile de t’en faire la démonstration psychologique et de t’expliquer les raisons de ce besoin?

Le texte qui m’a le plus émue est celui qui relate le passage à la ronde, avec ce jeune homme sensible et amoureux, peureux mais audacieux à sa façon. Au cours de la première lecture, je n’avais qu’une envie : donner une leçon à l’auteur. Puis, à la toute fin, je me suis bien rendue compte qu’il n’était nullement nécessaire de le faire. L’auteur se sermonne lui-même, approfondissant sa réflexion et son regard sur lui en une telle clarté d’introspection!

J’ai lu parce que souvent, je suis sans nouvelle de toi, de qui tu es, de ce que tu deviens. Tu t’es isolé et je ne te connais plus. Je sais que tu aimes jouer au fantôme.
J’irai lire encore, alors, il te faudra écrire.
Pourvu que personne ne te volera ces textes (C’est très facile à faire.) pour écrire le volume II du Jeu de la mouche et du hasard.

Ton site est très agréable au coup d’œil, esthétiquement à la hauteur de ta créativité et ton imagination. J’aime bien la photo où les rails des montagnes russes traversent ta tête. Attention aux cellules!

Protège-toi!