samedi 16 juin 2007

PRN(D) SL

Je manque de motivation pour faire ça. L'idée m'est venue dans la douche...et j'ai compris tout de suite que ça pouvait être un peu creux comme propos...allons donc. Vaut mieux une mauvaise presse qu'une poignée de regrets.

Envers et contre tous, voici donc...

LES DESSOUS DE LA COMMUNICATION SELON FRANÇOIS JEAN



Afin d'illustrer mon point clairement, je vais procéder par dramatisation. Imaginez donc deux personnes, prénommées A et B. Elles sont des connaissances, La voiture appartient à A, qui conduit. B est dans le siège passager.

Depuis maintenant 5 minutes, c'est le silence dans l'habitacle. Voulant bien faire, et c'est tout à son honneur, A brise la glace et tente un rapprochement.

"T'aimes tu ça U-2? J'ai envie de mettre le CD."

Première conclusion, A aime U-2. Ce sera important.

Assumons maintenant que B connaît U-2. Comme une certaine majorité non-répertoriée de la génération Y, B a vu le clip cet hiver de "The Saints are Coming", sait que le chanteur s'appelle Bono et aime probablement "Sunday, bloody sunday" parce que c'est semi-oldie.

Mettez-vous à la place de B, et prenez quelques secondes pour savoir quoi répondre à A.

POSSIBILITÉ 1.



"Euh, ouais...j'aime ça...c'est planant..."

Hésitation, opinion, justification. Ce sera suffisant pour A, qui insère le CD dans la voiture, et le silence persiste alors que Bono s'égosille, que A fredonne et taponne sur le volant, et que B s'efface, sourit lorsque A le regarde, mais n'ose trancher le plaisir palpable que ressent A par une réplique quelconque. Une conversation vaine sur U-2 a de grosses chances de s'amorcer. Vous êtes B.

Vous attendez avidement qu'un succès connu se mette à jouer, question de vous connecter sur le diapason de A, mais en attendant vous vous tortillez sur le siège baquet en battant la mesure maladroitement. À la limite le mensonge s'installe et vous fermez les yeux pour dodeliner la tête, prouvant votre thèse de "planant" (espérant que A remarque). Et ça vous ronge, cette attitude mielleuse.

Et alors, les yeux fermés, inconfortable, il fonce sur vous, et prend vie dans votre poitrine...CRASH!

MALAISE

POSSIBILITÉ 2.



"Boah...bof. Chais pas...mets-le si tu veux"

"Mais t'aimes-tu ça?"

"Euuuh bah ça me dérange pas." (CE QUI EST LA STRICTE VÉRITÉ)

"Bon ok je le mets."

Le disque se met à jouer...dans le silence. B est à son aise, et pourra même démarrer une nouvelle conversation, une fois que Bono se sera fait la main sur quelques accords (minimum d'extraversion oblige...ne lui en demandons pas trop)

Le disque de A joue, et A apprécie, mais bientôt son plaisir s'esseule, B regarde probablement par la fenêtre, ou s'absorbe dans de petits gestes tout à fait hors du plan mental de A.

A se questionne sur les pensées de B. Bien vite Bono chante tout seul. A essaiera peut-être de rattraper la mise: "Ah! Cette toune là 'est bonne..."

...mais B, satisfait de sa réponse véridique et assumée plus tôt, a de grosses chances d'émettre un "hmm." nébuleux qui poussera A dans une série de dimensions socio-analytiques aussi complexes qu'obscures...observation,
synergologie, mutisme.

Au volant, A est totalement absorbé par B, cet être sans opinions, puant la neutralité, eunuque impartial, immonde visage gris! C'est le silence...si B relance A par une nouvelle discussion, celui-ci sera maintenant distant, incompris pour ses goûts, non-compréhensif pour sa part. B finira bien par se taire, en pauvre sans-couleur. Vaincu, A enlève finalement le disque.

"Pourquoi tu l'as enlevé?"

"Boah. Ça me tentait pas vraiment de l'écouter, finalement..."

B se sent coupable, étrangement.

Les connaissances fixent la route, un regard abattu sur les deux visages. CRASH!

MALAISE

POSSIBILITÉ 3.



"Ben tsé moi U-2...je trippe pas full. À vrai dire 'm'en crisse un 'tit peu."

Ce sera court, cette fois.

L'hostilité prend A par la colonne vertébrale. Il se sent attaqué, lui qui pourtant ne voulait qu'agrémenter le voyage d'un peu de musique. Sa main, qui pourtant avait déjà glissé jusqu'au disque, s'arrête. D'abord il se déculpabilise...il n'a rien imposé et est meurtri par le ton direct de B. Cela dit, c'est officiel. Entre A et B, ça vient de chier.

"C'est correct...je le mettrai pas..." de répondre A, la queue entre les jambes.

B hausse les épaules. A se tortille sur le siège baquet.

Le paysage devient absorbant...un temps.

Et enfin, CRASH!!!

MALAISE

POSSIBILITÉ 4.



"-Insérez ici un changement de sujet quelconque par B-"

"-Insérez ici une réplique concise de A-"

"-Insérez ici une phrase d'approbation de B-"

Un ange passe.

"Pis finalement on le met-tu mon CD?"

ÉVENTUEL MALAISE

POSSIBILITÉ 5.



"Oui."

A ramasse le CD, l'insère avec vigueur dans le lecteur.

A sourit, monte le volume. L'effet de delay dans la voix de Bono fait vibrer l'habitacle.

B sourit aussi. Maudit cave influençable que ce A, pense-t-il. Un groupe générique, et surtout non-émergent que U-2. Qui peut donc apprécier ça au point d'en écouter régulièrement en voiture?

Peuh! Vivement la radio, c'est le seul promontoire assez démagogue pour passer dignement ce brouet auditif épuré.

Sourire en coin.

A remarque.

"T'aimes-tu ça depuis longtemps?"

B lui fait son plus beau sourire.

"Vraiment! C'est trop nice comme musique actuelle...pis ça fitte avec la saison!"

B s'esclaffe intérieurement. Quel épais. Le plaisir est réciproque.

AUCUN MALAISE


...mais B entrera sous peu dans une spire d'orgueil vertigineuse, nuisant fortement à ses contacts sociaux et s'achevant sur une note d'individualisme un brin pathétique.

ÉVENTUELS MALAISES EN SA COMPAGNIE

POSSIBILITÉ 6.


Voyager seul. I'll stick to that...bummer...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pourquoi A et B voyage ensemble? visiblement ils n'ont ps grand chose en commun....