L'écho suit son cours, caresse les vagues figées en montagnes sur les affleurements. Le lac est saisi dans sa fureur, des pics hargneux taillent l'horizon, ou se dressent les îles désormais accessibles, en forteresses solitaires. Gelé, dans ce printemps capricieux, le lac Kénogami est au périgée de son règne, et maudit que c'est beau.
Je feelais daredevil, alors j'ai foulé avec conviction le sol encore glacé, et je me suis dirigé jusqu'à la première île. Je marchais sur les vagues, sans repères, les motoneiges étant absentes par le temps humide. Je respirais un mélange d'embruns et de flocons, sous la fureur d'un vent d'est qui fouettait les points blancs. La tempête teintait l'horizon de mystère, et une fois au sommet de l'île, j'étais au centre du désert, j'entendais seulement la neige.
J'ai aperçu la plage interdite, à proximité des barrages qui crachent d'ordinaire la rivière aux Sables. Non content de mon voyage sur le lac, j'ai rejoint la crique sous le croustillant d'un film de glace couvrant la neige fatiguée. Et tant qu'à être rendu là, je me suis aventuré vers le vieux barrage de 1924, qui a résisté aux inondations de 1996, une construction à l'architecture formidable pour un secteur aussi secret. Je marchais résolument d'un interdit à l'autre, regardant à peine les clotûres électrifiées, les panneaux de danger, les sirènes d'alarme accusatrices. Je suis allé sur le barrage.
D'habitude, les accès sont condamnés. Mais voilà, moi j'ai marché sur le lac, et comme tout Messie qui se respecte, je flottais dans ma retraite allégorique, et j'ai poussé l'audace.
Il y a une maison construite dessus qui protège les leviers des écluses, monstres menaçants qu'on aperçoit à travers de vielles fenêtres d'époque. Et quand on ne regarde pas du côté du lac, c'est haut, et pas trop sécuritaire, mais juste assez pour s'aventurer jusqu'au milieu de la corniche. Fasciné par la scène, mais aussi par l'hétéroclite de ma démarche, je suis resté sur le barrage pour un moment, à mi-chemin entre la peur et la majesté. Je vous promets d'aller prendre des photos.
C'est tout. Sur la route du retour, un pick-up est passé à côté de moi, et il y avait un chien dans le siège passage. J'ai fait un saut quand il m'a aboyé après, et je me suis pressé jusque chez moi.
Honnêtement, d'aucuns diront que mon expérience m'a apporté des réponses, une symbolique naturaliste, je ne sais trop. Je me contente de coucher ça en descriptions. Le plein air? Bah, de temps en temps, mais pas de quoi en faire une doctrine. C'était tout de même un beau trip de solitude. J'y retourne cette semaine avec l'appareil, je vous reviens là-dessus.
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