Ça vous prend, comme ça. Une simple impression, un élancement, qui met le gouffre en évidence.
Bon, autant vous le dire tout de suite, c'est un sujet un peu épineux qui vous attend. D'ailleurs j'envisage de rester très humble et rigoureux ici, de toute évidence je n'ai pas les mots ni l'expérience pour bien saisir le phénomène, et je vous invite à intégrer lentement la question, comme un sirop.
Il est un de ces préceptes sociaux qui s'impose, se faufile et s'entortille autour des mots, entravant la coexistence comme un piège au sang froid. Vous le savez.
Moi, je suis un passionnel. Je le sais, et curieusement je constate un pic retors au cours des vacances de Noël dans ma monotonie, j'ai en ce moment une envie irrépressible de m'abandonner sans conséquences.
C'est épineux. Et c'est en toute honnêteté que je le purge ici, après tout, bah. De toute façon j'élude tout de suite la question amoureuse, vous penserez ce que vous voulez.
Ce qui me travaille, c'est l'envie, ces moments à rêvasser, à prévoir des situations qui ne se produiront jamais, échafaudant des scénarios alambiqués. Au cours des dernières semaines, c'est terrible. Je m'imagine en train de faire du ski de fond avec elle, à passer chez elle avec mon auto, à lui rendre un sourire, à l'aider, à rien foutre dans le salon avec elle, des histoires mentales empilées, qui prennent la poussière dans ma tête.
Quand leurs phrases défilent, un sourire pâle naît sur mes lèvres, et je me permets une bien temporaire plénitude.
Ces chapitres constituent d'après moi la tache aveugle. Face à la musique, dans la vie, mes contacts avec elle deviennent rapides, homogènes, hermétiques.
Et plus le temps passe, plus la tache aveugle s'empare de moi, comme un poulpe malsain, à l'odeur atrocement douce. Tranquillement la passion se couvre d'une couche de moisissure, qui bloque le sas. Or il est impossible que la vie suive la tangente de la tache aveugle; si l'un des scénarios se présente sur la touche, un petit moment ponctuel que j'eusse espéré au préalable, le poulpe l'occulte promptement par une gêne et une perte de moyens qui me prend à la gorge, vifs tentacules.
Voilà.
N'empêche, c'est bon de rêver, non? Et dans l'ambiance des fêtes, qui plus est, j'ai l'impression que mes draps froids sont plus accueillants.
Passez-en donc des belles, qui que vous soyez. Merci de votre temps.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Oui, c'est bon de rêver, de s'évader. Primordial, je dirais, pour quelqu'un comme François Jean.
D'autant que ton rêve est réalisable. Diantre! Pourquoi n'ouvres-tu pas la fenêtre?
Et le bilan des Fêtes, finalement? As-tu apprécié quelque chose, quelqu'un, quelques conversations?
C'est très percutant, comme image métaphorique, que celle de la tache aveugle, ce poulpe et ses tentacules. Quelle force d'évocation tu peux créer! Je t'envie et, en même temps, tu me redonnes une confiance aveugle en l'écriture... MERCI!
Ça va bien. Je dirais simplement que j'ai nettoyé la tache.
Et c'est moi qui te remerce, maman. Il se pourrait que je tarde à réécrire ici, mais c'est simplement pour avoir du recul.
Je t'aime. Je pense à toi.
Enregistrer un commentaire