J'ai trouvé.
Tu aurais dû raisonner par négation.
T'es pas vraiment un idéaliste. Tu crains le rejet. Ouais, je sais, on a déjà effleuré le sujet. Mais voilà c'est le noeud, le coeur du problème.
Le rejet.
Celui-là même qui t'a gardé sur les bancs d'éducation physique. Celui-là même qui t'a fait retourner, les dents serrées, chaque fois que tu étais confronté aux risques relationnels, dixit l'amour. Celui-là même qui te juchait, plusieurs heures par jour, devant l'antique Pentium 75, imprimant des dessins à colorier, que tu distribuais pour acheter tes amis.
Ce même rejet, le jour où Philippe Caron t'as donné cette revue Nintendo Power, la précieuse "issue" contenant les décalcomanies Donkey Kong, qui t'a poussé à la donner à tes amis pour t'assurer de leur loyauté, en pièces détachées merci.
Ce même rejet qui t'a tant donné de mal à l'école, seul penché sur les travaux d'équipe.
D'ailleurs, ce même rejet qui te donne ce sentiment étrangement neutre quand tu revois tous ces gens, chez qui tu cherchais jadis tant l'acceptation. Pas d'attachement. Pas d'intimité développée. Cette saine distance craintive, omniprésente, qui t'évite de prendre les gens dans tes bras, qui te donne cette pose contrite.
Ce même rejet qui ne développe pas les amitiés, mais qui crée un double-jeu.
Ce même rejet qui te pousse à l'analyse constante, contraignant ton existence à l'atmosphère de ta conscience.
Tu as peur.
Bien vaine cette figure de héros.
Tu as peur.
Tu as peur des autres.
Terriblement.
Oh et c'est pathétique à voir, d'ailleurs, ton parcours dans la crainte du rejet. Oh oh!
Belle farce relationnelle que d'entrer dans les communications, celles de l'impro et du théâtre, de la dérision et du mensonge, du faux.
Tu les déteste tous, avoue. Tout le monde.
Chacune de ces personnes dont tu crains le rejet, tu les déteste autant que tu les crains. Car tu es vulnérable à leur mots. Tous autant qu'ils sont, rattachés au milieu, tu souhaiterais leur perte.
Leur compagnie t'es une corvée. Ils t'entourent. Et chaque fois c'est comme si tu avais quelque chose à cacher, une tare dont tu as honte, et qui doit absolument rester en toi.
Comme un petit rire.
À chaque intérêt, à chaque regard, tu cherche la bagarre.
Le rejet.
Allons-y pour la petite psychanalyse, tentons ensemble de revenir à un moment où tu aurais vécu un rejet, un propre, un vrai. C'est sans doute bien caché sous des couches d'orgueil, aussi excavons à deux.
D'accord.
Secondaire. T'as une idée? Moi j'ai toujours ta retraite craintive dans le giron d'Émilie. Sinon il y a ce ridicule épisode de yo yo Nintendo, du petit qui possède un énorme cercle d'amis mais qui reste derrière les autres sans s'insérer entre les trops grands corps, une continuité un peu passive de ton attitude en 6eme année.
Ces amis, parlons-en, n'avaient pas du tout les mêmes intérêts que toi. Aucun ne lisait, aucun ne s'intéressait au dessin.
Et tu t'es obstiné, parce qu'ils paraissaient.
Primaire.
Rien.
Seul un petit garçon qui n'a jamais joué au ballon prisonnier.
Même si l'activité avait lieu deux fois par jour pendant six ans, tu n'y as jamais joué.
Jamais.
Tu avais peur du ballon.
Et pourtant il te fallait être en contact avec les grands, ceux qui lançaient fort.
Un nivellement par le bas de ta propre médiocrité.
Je sais, je ne devrais pas sabrer dans ton égo. Mais c'est la seule chose qui me permet de continuer. En psychanalyse, il faut d'abord rester neutre, puis persuader le client à se regarder sous un nouveau jour, et l'aider à se sortir de sa torpeur interne.
Mais moi je ne suis que ta conscience.
Et tu me dégoûtes. Ta vie relationnelle était, est et sera un échec.
You blew it, encore ce soir.
Je t'ai vu, et tu m'as vu, dans le coin, me passant la main dans le visage, découragé.
Je pensais avoir droit à un bel échange.
Ya des jours ou on finit par se dire: fuck le titre.
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1 commentaire:
Et dire que tant de gens recherchent et aiment ta compagnie, t'appellent sur ton cellulaire, souhaitent que tu les appelles et que tu leur accordes de l'attention, de l'intérêt... Et dire que des centaines d'enfants (peut-être des milliers maintenant) ont cette fierté pétillante dans les yeux lorsqu'ils peuvent dire qu'ils te connaissent, qu'ils ont eu cette chance. Et dire que les gens de ton entourage (famille, collègues, amis) sourient lorsqu'ils te voient arriver. Cet entregens que tu dégages depuis le jeune âge, cette agréable familiarité que tu réussis à installer... J'ai connu quelqu'un à qui tu ressembles beaucoup, il s'appelait Claude Bouchard de Laterrière. Quelqu'un que j'admire malgré ses travers. Quelqu'un de tellement humain!
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